Auteure : Jihane Lamouri, conseillère en équité, diversité et inclusion, IVADO
À l’occasion du lancement de l’Accélérateur Mentoral de Mentorat Québec, nous sommes allés à la rencontre d’un de ses clients, Fin ML et de sa directrice en recherche collaborative et partenariats, Rheia Khalaf.
Peux-tu nous présenter le réseau Fin-ML ?
Le réseau Fin-ML a été créé pour répondre au besoin de formation en intelligence artificielle (IA) des futur.e.s professionnel.le.s de l’industrie financière et pour développer la recherche collaborative. Au cours des dernières années, la demande de professionnel.le.s qualifié.e.s en IA a explosé, mais il existe encore un écart considérable entre la formation des étudiant.e.s et les besoins de l’industrie, et c’est cet écart que Fin-ML vient combler, grâce à un ambitieux programme de formation, de bourse, de stage et de partenariats.
En quoi le mentorat peut-il propulser les boursiers de Fin-ML ?
Au cours de mes études, je n’ai pas été exposée au mentorat, mais je pense que ça m’aurait beaucoup aidé! Quand on est aux études ce n’est pas évident de savoir dans quelle branche s’orienter. À l’école, on manque souvent d’information sur les possibilités de carrière et les différentes types de postes qu’on pourrait occuper. C’est particulièrement vrai pour les sciences mathématiques, dont les champs d’application ne cessent de croître. Je pense que notre programme de mentorat permettra de répondre à ces enjeux en offrant aux boursier.ère.s de Fin-ML un éventail de mentor.e.s qui pourront les guider et de profils auxquels, je l’espère, ils pourront s’identifier.
Quelles sont les attentes des boursiers par rapport au programme ?
Quand on a sollicité l’avis des boursier.ère.s de Fin-ML sur le programme, plus de 95% ont exprimé leur intérêt pour faire partie d’un programme de mentorat. Ce que les étudiant.e.s ont exprimé comme désir d’explorer à travers ce programme furent d’abord les orientations de carrière, l’ouverture à un réseau ainsi que le développement des compétences en communications. Les boursier.ère.s de Fin-ML ont aussi exprimé un intérêt à échanger avec des mentor.e.s qui ont des profils atypiques, qui ont eu des changements de carrière par exemple. De nombreux boursiers et boursières ont également envie de rencontrer des mentor.e.s qui se sont lancés en entrepreneuriat.
Les femmes sont largement sous-représentées dans le milieu de la finance. Pourquoi penses-tu que c’est important de diversifier le milieu ?
De l’université jusqu’au milieu de travail, j’ai toujours été en situation minoritaire. Ça ne m’a pas particulièrement dérangé à l’université, mais c’est vrai que je ne me sentais pas toujours incluse par la suite. Le milieu de la finance gagnerait certainement à avoir plus de femmes, notamment pour amener d’autres perspectives sur le travail.
As-tu réfléchi à la question de savoir si vous souhaitez recruter des mentors hommes ou femmes ?
Idéalement, j’aimerais avoir un groupe diversifié de mentor.e.s. Cependant, étant donné la sous-représentation des femmes dans l’industrie, il est certain que nous aurons moins de femmes. Pour le moment, seules 3 femmes mentores sur les 15 se sont inscrites. Dans tous les cas, on cherche à recruter des professionnel.le.s avec une éthique forte. Je pense qu’au-delà du genre, ce sont les valeurs et la sensibilisation des mentor.e.s sur les questions de biais et d’équité qui peuvent faire une différence. On est en train de réfléchir aux stratégies qu’on pourrait mettre en place pour s’assurer que nos mentor.e.s sont sensibilisé.e.s à ces questions et qu’ils en parlent avec les étudiant.e.s.
Tu as cofondé le Mat-bar, peux-tu nous en parler?
La raison d’être du Mat Bar était d’engager une discussion sur le bien-être de la famille et le bien-être au travail afin qu’on leur donne le poids qu’ils méritent sur l’échelle des priorités dans notre société moderne.
L’idée du projet a émergé avec ma sœur et une amie, pendant nos congés de maternité. On a trouvé que c’est une période qui manquait cruellement d’activités en dehors du yoga et du spinning! Plus sérieusement, on avait besoin d’être stimulées. On se posait aussi des questions sur notre retour au travail, sur comment reprendre nos place etc. Ce sont ces questionnements qui nous ont poussées à créer le mat-bar : une structure de mentorat entre pairs, si on veut. Le projet s’est d’abord concrétisé par des rencontres entre femmes, où les mères pouvaient apporter leur bébé et au cours desquelles on invitait une femme à nous parler de son parcours professionnel et de son expérience avec la maternité. Quand on a repris le travail, on a continué le projet à travers des entrevues avec d’autres femmes afin d’explorer des pistes de solutions pour s’adapter aux changements qu’apporte la parentalité dans la vie professionnelle. On a affiché ces entrevues sur notre site web pour que le mentorat se poursuive sous forme virtuelle.
Quelles solutions permettraient de mieux conjuguer parentalité et carrière ?
Les femmes qu’on a rencontrées ont leur carrière à cœur et la plupart ont trouvé le retour au travail difficile. À une époque où les entreprises sont très soucieuses de retenir les femmes et de renforcer leur progression vers des postes de direction, il est temps qu’elles se penchent sur ces enjeux. Les solutions qui reviennent souvent lors de nos entrevues sont la flexibilité, le travail à distance, la réduction des horaires ou des horaires condensés, des journées de maladie pour les enfants, bref, des politiques favorables aux parents. Et pourquoi pas des espaces de travail adaptés aux bébés?
Par ailleurs, un élément important du programme de mentorat que nous montons avec l’Accélérateur mentoral, est une séance de remue-méninges avec des mentor.e.s et des mentoré.e.s, qui se tiendra lors de l’évaluation du programme. Plus précisément, Sophie Brière de l’Université Laval, la chercheure qui évaluera le programme, tient à inviter les participant.e.s du programme à identifier des obstacles à l’équité, la diversité et l’inclusion dans le milieu de travail et à proposer des solutions qui seront ensuite portées à l’attention des entreprises. Comme ça, le programme de mentorat n’avancera pas seulement la quarantaine de mentor.e.s et mentoré.e.s qui y participeront, mais pourrait aussi servir à rendre l’écosystème plus favorable à tous.
Pour vous proposer comme mentor.e Fin-ML, visitez fin-ml.ca/fr/programme-de-mentorat/.