Comment une femme issue d’un milieu défavorisé, d’une minorité visible, de parents agriculteurs analphabètes, arrive-t-elle à occuper un poste d’influence au sein d’une des plus importantes institutions financières du Québec, fonder un organisme à but non lucratif et recevoir un prix du Gouverneur général du Canada et tout cela, avant l’âge de 35 ans?
C’est précisément ce sur quoi nous entretenait Ravy Por, leader en partenariats et rayonnement de l’analytique avancée chez Desjardins, lors d’une conférence organisée par Profession’ELLE et à laquelle Mentorat Québec a participé. Pour Ravy, les enjeux rencontrés lorsqu’on évolue en milieu majoritairement masculin ne tiennent pas qu’à son identité de femme, mais aussi aux nombreux autres indicateurs socio-démographiques qui la distinguent de la majorité de ses collègues. Sa réponse était claire : c’est grâce à ceux et celles qu’elle nomme ses piliers, un cercle de mentor.e.s, d’ami.e.s et de connaissances issus de divers milieux et de générations différentes, que Ravy réalise aujourd’hui ses ambitions. En effet, ces piliers sont un moyen formidable de compenser le manque de réseau qu’a connu Ravy étant plus jeune.
Le développement d’un réseau de mentors est facilité par des organisations telles que Mentorat Québec et Profession’ELLE. Par exemple, les fondatrices de Profession’ELLE prennent toujours soin d’encourager non seulement le réseautage, mais aussi l’entraide lors de leurs événements. Une forme de mentorat informel entre pairs est facilité par la mise en circulation d’une liste d’invité.e.s, encourageant les participant.e.s à entrer en contact les un.e.s auprès des autres avant même l’événement.
Lors de la conférence, Ravy prenait la parole aux côtés de Caroline Joassin-Bruneau, cofondatrice de Femmes en créa. Tout comme Ravy, Caroline nous a parlé des moyens qu’elle a dû s’inventer pour contourner les embûches liés à son genre. Conceptrice-rédactrice depuis 20 ans, Caroline a remarqué qu’aux États-Unis, seulement 11 % des postes de direction en agence de publicité ont été occupés par des femmes l’année dernière. Au Québec, il a fallu 13 ans avant qu’une femme préside le jury du prestigieux concours Créa, alors que les femmes représenteraient environ 57 % de la main-d’œuvre de l’industrie. Parmi les solutions proposées par Caroline : offrir aux femmes des modèles féminins de réussite et du mentorat qui puisse les aider au quotidien. C’est d’ailleurs ce que propose Mentorat Québec avec le lancement de son Accélérateur mentoral.
C’est à Jannick Bouthillette, cofondatrice de Profession’ELLE, que revenait le mot de la fin. « Dès qu’on s’approche des postes de haute direction, les femmes se font plus rares. Celles qui arriveront à se tailler une place auront su naviguer grâce à une ambition assumée, à leurs compétences et à leurs talents, mais aussi – et surtout! – grâce à des mentor.e.s, des patron.nes qui leur auront fait confiance. »
Et s’il y avait un prix du Gouverneur général pour cela?
Mentorat Québec remercie chaleureusement Profession’ELLE pour son invitation et les panélistes pour leur témoignage inspirant.
Rédaction : Jennifer Petrela
Photographe : Claudia Romero-Dneprovski