Des vidéos pour bâtir des ponts entre les générations
Christophe Jasmin, chef du produit et de l’engagement chez Academos avec la collaboration d’Éléonore Durocher, administratrice chez Mentorat Québec
Faciliter la compréhension des réalités vécues par un mentoré et un mentor peut être effectué par un coordonnateur de programme de mentorat en entreprise, mais il n’en est pas de même dans le cadre d’initiatives de mentorat déployées à plus grande échelle. Le présent article a pour but d’inspirer des pratiques de marketing et de communication soutenant les programmes de mentorat.
Le contexte particulier d’Academos
Imaginez un mentoré et un mentor, chacun devant son ordinateur ou son téléphone. Imaginez ensuite que tous deux habitent à des dizaines, voire des centaines de kilomètres de distance l’un de l’autre et qu’ils font partie de milieux socio-économiques différents. Prenez aussi en compte que ce que le mentoré connaît du mentor tient en quelques centaines de mots sur un profil web.
Le mentor, quant à lui, a encore moins d’informations sur son interlocuteur : un nom, la liste de ses intérêts académiques et personnels, une photo ou un avatar et un pictogramme indiquant s’il est mineur ou majeur. Les deux ne se sont bien sûr jamais rencontrés et ne se rencontreront sans doute jamais.
Le mentoré débute la conversation avec un timide « Bonjour », puis pose une question au mentor sur son métier. À partir de là, la mission d’Academos, est de fournir au mentor un maximum d’accompagnement pour qu’il sache répondre à cette question, mais surtout qu’il relance le jeune, le pousse à la réflexion et l’amène à mieux se connaître.
L’objectif? Que ce jeune mentoré trouve le métier de ses rêves. Ambitieux, vous dites? Multipliez cet échange par des milliers (environ 18 522 échanges entre les dyades dans une seule année, pour être plus précis) et vous commencez à avoir une idée de l’ampleur de la tâche à laquelle s’adonnent chaque année les personnes qui coordonnent ce programme.
Un projet pour bâtir des ponts entre les générations
En mars 2018, conscient du défi démographique majeur auquel sera confronté le Québec au cours des 15 prochaines années, le gouvernement québécois a lancé un appel afin de recevoir des projets pour soutenir le dialogue intergénérationnel et les rapports sociaux harmonieux. Fort de sa base de près de 3000 mentors et de ses plus de 100 000 jeunes inscrits dans son application numérique, Academos dépose un projet dans l’optique d’améliorer l’accompagnement de ses utilisateurs et la qualité des échanges de mentorat.
Une réponse pour notre temps : des capsules vidéos
Comment donc, dans le cadre d’un même projet, répondre à des problématiques d’engagement propres aux jeunes (démystification du mentorat, peur de contacter les mentors, amélioration des pratiques de messagerie) tout en augmentant l’engagement des mentors, leur sentiment de compétence et la qualité de leurs interventions? La réponse, pour Academos, devait passer par des vidéos, un format adapté aux jeunes mentorés et facile d’utilisation pour les mentors.
Pourquoi des vidéos? Tout d’abord, pour s’inscrire dans les habitudes de consommation de contenus des jeunes. En effet, considérant le nombre d’heures que passent sur YouTube les ados et les jeunes adultes le choix de ce médium s’imposait. Mais aussi, pour offrir des contenus d’accompagnement faciles à consommer par les mentors du programme, des professionnels souvent très occupés; et enfin, pour parler de mentorat autrement, de façon plus accessible et légère.
Rendre le mentorat accessible
Un des défis quotidien d’Academos, et sans doute d’autres organisations qui ont des programme de mentorat jeunesse, est de communiquer dans un langage accessible ce qu’est le mentorat, souvent confondu avec le tutorat.
De plus, comme une bonne partie des mentorés d’Academos fréquentent le secondaire (près de 70% des mentorés sont âgés entre 14 et 17 ans), « trouver le métier de ses rêves » ne fait pas exactement partie de leurs préoccupations quotidiennes. Encore moins lorsqu’on les invite à le trouver en dialoguant avec un inconnu de quelques dizaines d’années leur aîné, pratiquant un métier qu’ils ne comprennent pas tout à fait.
C’est donc avec ces problématiques en tête que l’équipe a travaillé sur les vidéos qui suivent. La première est une vidéo d’animation dont le but est de démystifier le mentorat, en utilisant des référents bien connus des jeunes.
Le mentorat, pour trouver son Dumbledore
Les six autres vidéos produites pour les jeunes adoptent le même ton humoristique, mais en utilisant à la caméra une combinaison d’acteurs (les deux jeunes dans la capsule qui suit) et de vrais mentors Academos, qui ont accepté de se prêter au jeu. En faisant apparaître ces derniers dans un cadre assez informel, la volonté de l’organisation était de rendre tous les mentors Academos plus humains et moins intimidants aux yeux des jeunes et, par la bande, qu’ils comprennent qu’ils sont passés par les mêmes questionnements qu’eux.
Faire les premiers pas et parler à un mentor
Mieux comprendre les jeunes
Pour les mentors, la première problématique identifiée fut la connaissance des multiples réalités des jeunes. Dans quel état d’esprit est un adolescent du secondaire qui aime le football et Instagram… Et pas grand-chose d’autre? Comment créer des liens avec lui et l’amener à s’ouvrir et à se questionner. Mais aussi, en quoi a-t-il des besoins différents qu’une universitaire qui remet en question son choix de carrière?
Les jeunes sur Academos… qui sont-ils?
Au contraire des mentors, la plupart des jeunes âgés entre 14 et 30 ans sont nés avec les nouvelles technologies numériques. Sur Academos, cela se traduit par des écarts de comportements et d’attente, voire des malentendus lorsque vient le temps de converser via l’application de mentorat. Conscients de cette problématique, la vidéo qui suit offre aux mentors un petit résumé des meilleures pratiques pour échanger avec les jeunes :
Comment échanger avec les jeunes en 2019?
Academos étant une plateforme de mentorat virtuel, il est rare que les mentors se rencontrent et échangent entre eux sur leur expérience. C’est pourquoi Academos a profité de la présence de quelques-uns de ses mentors pour qu’ils parlent de ce que leur implication leur apporte. L’objectif étant de valoriser cette implication bénévole, mais aussi de renforcer le sentiment de communauté parmi les mentors (un défi que plusieurs autres organisations de mentorat rencontrent).
L’aspect gratifiant du mentorat
Diffusées via YouTube, le site web d’Academos, les infolettres et l’application elle-même, mais aussi lors de présentations en classe, ces vidéos ont déjà reçu un accueil très favorable des jeunes et des mentors.
Dans une perspective marketing, ce projet démontre que l’on peut parler de mentorat de façon ludique et accessible à tous, tout en disséminant des informations très utiles aux mentors et mentorés. Chez Academos, chaque dyade est une opportunité de dialogue intergénérationnel. Si ces vidéos aident à améliorer la qualité des échanges dans ces dyades et, par la bande, à bâtir des ponts entre jeunes et moins jeunes, l’organisation aura accompli une partie de sa mission.
Est-ce que ce cas vous inspire pour vos prochaines initiatives de communication entourant votre programme de mentorat? Avez-vous d’autres initiatives de marketing originale concernant le mentorat à nous partager? Nous voulons vous entendre en commentaire! info@mentoratquebec.org.
